Quand vous faites la cuisine, ne regardez pas les choses ordinaires d’un regard ordinaire, avec des sentiments et des pensées ordinaires. Avec cette feuille de légume que vous tournez dans vos doigts, construisez une splendide demeure de bouddha. » Découper des légumes, cuire de la viande, pétrir une pâte… réalisés avec soin et attention, ces gestes simples cessent d’être routiniers et ennuyeux pour devenir une joyeuse célébration de la vie. (Maître Dôgen, Instructions au cuisinier zen)
Cuisiner, pour moi, c'est méditer avec mes 5 sens, préparer avec grande attention et soins des plats, des desserts, des entrées me permet de vivre plus pleinement dans le moment présent... Lorsque l'on prépare en conscience, la cuisine réunit le corps et l’esprit. Par de gestes simples, tous nos sens sont en éveils et nous pouvons grâce à nos expériences culinaires vivre pleinement dans le moment présent. Dans l’un des plus célèbres textes zen sur la cuisine, Instructions au cuisinier zen (Le Promeneur, 1994), maître Dôgen invite le cuisiner à faire de cet acte quotidien un moment de grâce spirituel.
Toute expérience passe par nos sens. Prenons davantage le temps de voir, de toucher, d’écouter, de humer et de goûter. En concentrant notre attention sur le moment présent, nous oublions de ruminer le passé et d'angoisser sur l’avenir. Chacun peut en faire l’expérience, nos cinq sens nous donnent la possibilité de goûter au sentiment d’exister pleinement. La cuisine nous fait un cadeau merveilleux : elle les convoque tous et chaque jour, de manière différente.
Nos sens ne nous relient pas seulement à notre corps, ils sont le trait d’union entre celui-ci et notre esprit. Quand nous cuisinons,chaque parfum, saveurs et textures que nous produisons nous interpellent et ravivent en nous des souvenirs et des sensations souvent enfouies. Pourquoi le doux parfum de la cannelle nous rassure et le goût piquant du gingembre nous séduit ? Pourquoi ce frisson de dégoût à la vue de la viande crue ? En interrogeant les sensations et les émotions que provoquent les aliments que nous cuisinons, notre esprit renoue le contact avec la mémoire de notre corps.
En cuisinant et à table, nous pouvons pratiquer une méditation de gratitude. En regardant, touchant, humant, goûtant les légumes que nous préparons, on peut parcourir en pensée leur cheminement complet comme le fait le maître bouddhiste Thich Nhat Hanh : pensée pour celui qui les a planté, pensée pour le soleil et l'eau qui leur a permis de croître, pensée et gratitude pour celui qui leur a apporté tous les soins.
L'éloge de la lenteur
La distraction, l’absence à soi-même proviennent souvent de gestes trop rapides. Ralentissez le rythme et vos gestes. Épluchez un légume lentement pour mieux sentir son parfum, sa texture, son poids… Autant de détails qui donnent de la valeur au plus basique des gestes et qui contribuent à développer notre sentiment de gratitude envers la nourriture.
La balade gourmande
Partez faire une ballade au marché, sans rien acheter. Profitez en pour flâner, nez au vent, parmi les étals, prenez le temps de comparer les produits et d'écoutez les conseils des commerçants. Remplissez vous des sons, des couleurs, et des parfums. La prochaine fois, vous n’achèterez plus vos fruits et vos légumes de la même façon.
La gamme des épices
Sur une table, disposez devant vous une dizaine d’épices, chacune dans un petit bol. Puis, à la manière d’un « nez », les yeux fermés, humez chacune d’elle profondément plusieurs secondes en vous délectant de chaque parfum. Laissez naître les souvenirs, les associations, les images, que ces épices font naître en vous.
Les légumes masqués
Ce petit jeu peut être fait seul ou à plusieurs. Sur une table, placez des fruits et des légumes, choisissez celui qui vous attire le plus, prenez-le dans vos mains, palpez-le, « faites connaissance » avec lui, puis faites-le parler à la première personne du singulier, comme si vous étiez lui. Vous ferez peut être des découvertes intéressantes sur vous-même. Sur la façon dont vous vous percevez, sur les émotions que vous ressentez.
Le pain vivant
De l’eau, du levain, de la farine et du sel. Avec des ingrédients et des gestes basiques, vous allez fabriquer le symbole même de la vie. Concentrez-vous sur vos sensations et vos émotions à chaque étape : du mélange au pétrissage. Faites de ces gestes millénaires une célébration. Mettez dans ce pain vos désirs, votre gratitude, votre énergie vitale. Que ressentez-vous ? Lorsqu’il cuit, respirez l'air embaumé de son parfum. Au moment de le goûter, remerciez l’univers pour son cadeau.
Article inspiré de la lecture de l'article de la revue psychologie que vous trouverez sur ce lien http://www.psychologies.com/Nutrition/Modes-de-vie/Articles-et-dossiers/Cuisiner-une-histoire-d-emotions/Mediter-avec-nos-cinq-sens
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